Les crevettes sont dans l'épuisette

On le savait pas vraiment discret le voisin du 18 avec sa voix dégoulinante, toujours prêt à brailler dès qu'il pointe le nez dehors. Tantôt sur son chien, tantôt sur sa femme, tantôt sur sa tondeuse, parfois même sur sa poubelle, quand elle est trop pleine... Mais là il nous a fait l'Everest sans oxygène, le Maurice ! Dimanche 21 juin, fête de la Musique. Début de soirée. Un peu partout dans les jardins, ça chante. Le soleil aidant, les gens profitent de l'un de ces moments précieux, une respiration dans l'année au cours de laquelle la bonne humeur est de sortie, la musique avec. En terrasse un verre à la main, portes et fenêtres ouvertes pour laisser s'échapper quelques notes jusqu'au dehors, chacun s'accorde une rasade de plaisir. Quand soudain, à 20 h tapantes, le Maurice décide de nous jouer un autre air : sans sourciller, le lyrique en marcel nous offre un concert de rotofil de derrière les fagots... Une vraie démonstration de savoir-vivre, accueillie par la rue à sa juste valeur : ici et là dans les jardins, les chanteurs sont devenus râleurs. Sentant monter le vent de la contestation, Maurice lâche prise. Le rotofil, ce sera finalement pour un autre jour. Le bonheur est sauf...